Au Maroc également, beaucoup d’artistes sont à l'arrêt et font le bilan, appellent au soutien et continuent de créer en attendant des jours meilleurs. C’est l’occasion de prendre des nouvelles de l’un d’eux: Taoufiq Izeddiou.
Festivals, concerts, pièces de théâtres annulés, établissements culturels fermés, la pandémie a scellé sur son passage tout espace de rassemblement. Aujourd’hui, à l’arrêt, beaucoup d’artistes font le bilan, appellent au soutien et continuent de créer en attendant des jours meilleurs. C’est l’occasion de prendre des nouvelles de l’un d’eux: Taoufiq Izeddiou, fondateur du festival de danse contemporaine “On marche”, et de revenir sur les nombreuses collaborations entre le chorégraphe et Wallonie-Bruxelles International.
Le festival "On marche" est fondé par Taoufiq Izeddiou, directeur de la première compagnie de danse Anania, pour donner une scène aux chorégraphes et danseurs marocains et assurer une transmission aux jeunes générations. La programmation gratuite et totalement ouverte au public aspire à faire reconnaître leur profession, et le choix d’en vivre. Le festival de Marrakech devient très vite un rendez-vous incontournable pour les artistes marocains et internationaux, et entre professionnels et opérateurs culturels de plusieurs continents. Marrakech devient la plaque tournante de la danse au Maroc et au delà. Ce rêve devenu réalité, a commencé en 2005.
En 2009, Fadila Laanan, alors Ministre francophone de la Culture, rencontre Taoufiq Izeddiou, durant une visite officielle au Maroc pendant la 4e édition du Festival, à laquelle participait le danseur belgo-marocain Saïd Ouadrassi. De ce premier échange, les collaborations se sont succédées, enrichissant d’autres partenariats entre Wallonie-Bruxelles et le Festival international de danse contemporaine "On Marche".
Création et transmission
Un an plus tard, Mme Laanan initie le projet Daba Maroc, un événement culturel belge dédié aux expressions artistiques marocaines pluridisciplinaires. Wallonie-Bruxelles International soutient alors les synergies et les projets participatifs entre les deux rives de la Méditerranée. Avec l’aide des Halles de Schaerbeek, une belle programmation ainsi que des résidences en Wallonie ont pu voir le jour. Les Halles sont ensuite rejoint par Charleroi Danse, Maison Folie (à Mons) où artistes belges issus de l’immigration marocaine et artistes marocains se rencontrent et collaborent ensemble.
C’est dans ce cadre que Taoufiq Izeddiou et Carmen Blanco Principal ont mené le projet "intérieur/extérieur", soutenu par le Bureau International Jeunesse avec la participation de 15 jeunes marocains et 15 jeunes belges. La création cosignée par les deux chorégraphes est présentée à Bruxelles dans le cadre de Daba Maroc en 2012. La même année, l’équipe des Halles de Schaerbeek se rend à Marrakech pour apporter un soutien technique au festival "On marche". Wallonie-Bruxelles International consolide ainsi sa collaboration et devient l’un des principaux partenaires à l’international du festival de danse de la ville ocre.
“Avec WBI, j’ai pu continuer à développer cette belle collaboration et trouver une écoute. A mon sens, la pertinence est de soutenir la dynamique et la respecter dans sa singularité, et de définir les besoins en dialogue avec le festival ‘On marche’. Le plus important est l’accompagnement à la création, de la faire exister et de lui permettre d’être visible au Maroc et ailleurs. Des partenaires culturels comme WBI nous permet de le réaliser.” nous explique Nedjma Hadj Benchelabi, la curatrice associée. Le long de ces éditions, Taoufiq Izeddiou et son équipe renforce cette belle collaboration en tant que chorégraphe par ces créations présentes sur les scènes belges et en parallèle, il continue à pérenniser la plateforme qu’est le festival à Marrakech tout en gardant un ancrage territoriale.
En effet, la Fédération Wallonie-Bruxelles a soutenu à plusieurs reprises le festival soit par des financements, soit par un soutien artistique et technique. En 2013, Charleroi Danse invite le chorégraphe Pierre Droulers à présenter une de ses créations et animer un workshop. Il est accompagné d’autres artistes associés à Charleroi Danses comme Youness Khoukhou, Malika Djardi pour ne citer qu’eux. En 2016, c’est autour de Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse d’inviter des artistes de WB à présenter leurs oeuvres pendant le festival. Ensuite, dans le cadre de l'année Maroc 2018, Wallonie-Bruxelles International et Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse se sont associés et confient la programmation d’un focus danse à Nedjma Hadj Benchelabi où 3 chorégraphes sont présents: Ben Furry, Lisi Esteras et Mauro Pacagnell.
Et cela continue. En 2019, Angela Rabaglio et Micaël Florentz, de la Compagnie bruxelloise Timbleweed, ont présenté leur dernière création, The Gyre, au Musée Yves Saint Laurent. Enfin pour la Biennale de 2020, Wallonie-Bruxelles International répond encore présent avec d’autres partenaires, comme le Goethe Institut ou l’Institut Français. Pandémie oblige, ce quinzième rendez-vous sera reporté à mars de l’année 2021. “Je ne suis pas en confinement, je suis en résidence artistique. Le web est devenu important pour continuer à partager. C’est aujourd’hui, c’est maintenant, c’est vivant” lance Taoufiq Izeddiou, dans une carte blanche sur Facebook. Pédagogue, l’artiste attache un point d’honneur à continuer de transmettre. Coûte que coûte l’art continue.
Découvrez son témoignage en confinement.