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La narration de la géographie littéraire

Dans les années 1950, passer son enfance dans le Peak District rendait inaccessibles les villes possédant des librairies, ou à tout moins, faisait de leur visite un plaisir rare. Notre réseau ferroviaire a perdu ses services réguliers un an avant ma naissance et la gare Centrale a finalement été fermée le 7 octobre 1963. Ce manque d’accès à la littérature m’a permis de comprendre ce que les lecteurs ont dû ressentir le 1er aout 1959, lorsque le Furet du Nord a ouvert ses portes sur la Grand-Place de Lille. Le Furet du Nord, un ancien magasin de fourrure de furet, est devenu la plus grande librairie du monde. Si vous habitiez à Mouscron, la gare de Lille-Flandres n’était qu’à 20 minutes en train. Une destination littéraire d’importance avait ainsi émergé dans les géographies imaginaires de chacun, en brouillant les frontières. Le livre et le train allaient de pair. Lors du voyage retour vers la Wallonie, je n’aurais pas résisté. J’aurais sorti mon nouveau livre de son emballage du Furet et j’en aurais savouré la première page. Un exemplaire de l’histoire de Maigret par George Simenon qui s’ouvre lors d’un voyage en train à 17 h. La nuit tombait et les lampadaires étaient déjà allumés. Lentement, vous commenceriez à espérer que vous habitiez plus loin sur la ligne afin de passer plus de temps dans l’histoire. La géographie littéraire réduit et agrandit l’espace simultanément.

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