Emmenée par la princesse Astrid de Belgique, une délégation d’entreprises belges s’est rendue au pays de la Teranga, le Sénégal, pour une mission économique dont le biopharma constitue un des secteurs-clé. Le savoir-faire belge dans l’industrie pharmaceutique se traduit par les nombreux projets en cours sur tout le continent africain afin d’appuyer ce pays vers plus d’autonomie et d’indépendance dans la production locale de vaccins et de médicaments. Le projet MADIBA, porté par l’institut Pasteur de Dakar constitue un cas emblématique de coopération durable belgo-sénégalaise grâce à l’expertise des parties prenantes. Enjeux et explications.
Comme beaucoup de pays africains, le Sénégal s’efforce de se construire une base de compétences biopharmaceutiques prospère et durable. Si l’Afrique ne produit pour l’instant que 1% des vaccins qu’elle consomme, la situation pourrait bientôt évoluer vers plus d’autonomie. La pandémie de coronavirus est passée par là et a entraîné sur ce continent une volonté d’indépendance pharmaceutique accrue. Plusieurs projets ont été lancés, dont l’Africa Centers for Disease Control and Prevention, qui consiste à renforcer les capacités de production à hauteur d’1,5 milliard de doses de vaccins par an d’ici 2040, permettant ainsi à l’industrie africaine de développer et de produire plus de 60% des doses totales de vaccins nécessaires au continent.
Au Sénégal, l’Institut Pasteur de Dakar finalise la construction du nouveau site de production de vaccins MADIBA (Manufacturing in Africa for Disease Immunisation and Building Autonomy) à Diamniadio, ville et zone économique spéciale stratégiquement située entre la capitale sénégalaise Dakar, l'aéroport international et le « Port du Futur » de Ndayane. Le campus comprend une plate-forme de fabrication pour la production de vaccins contre les épidémies, un site de production à grand volume pour les vaccins contre la fièvre jaune, la rougeole et la rubéole, et un site de formation pour la production de vaccins de nouvelle génération. Une fois la nouvelle usine de production achevée et en pleine capacité, ce sont jusqu’à 300 millions de doses de vaccins qui seront produites chaque année pour le continent africain.
Ce véritable ‘vaccinopôle’ permettra à ce pays d’Afrique de l’Ouest de 16 millions d’habitants de produire et de commercialiser ses propres vaccins et traitements issus de la biotechnologie. Ce projet, soutenu notamment par l’Union européenne et les Etats-Unis, est porté par plusieurs acteurs industriels. Parmi ceux-ci, deux sociétés belges, Unizima et My Engineering, acteurs stratégiques du secteur biopharma et biotechnologique, constituent deux piliers du projet de par leur expertise, mais surtout leur volonté de garantir la durabilité des activités du centre après le départ des bailleurs de fonds.
La santé, tous ensemble !
Unizima est une filiale internationale de la société spécialisée en biotechnologies, Univercells. « Beaucoup de pays souhaitent produire directement chez eux et ainsi démocratiser l’accès aux vaccins et médicaments, explique Hala Audi, CEO d’Unizima. Univercells a souhaité créer une société chargée de s’occuper des projets de bioproduction à l’international, en particulier des projets de transferts de technologies et de compétences pour les marchés émergents. »
Déjà active dans plusieurs pays du contient africain comme l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Egypte et le Sénégal, Unizima (La santé, tous ensemble en langue swahili) apporte aux organisations nationales et locales une expertise, de la formation et un transfert de technologie en bio-production indispensable à l’ancrage et la pérennité des projets de santé de bio-fabrication. Comme d’autres pays ou organisations avant, l’Institut Pasteur a été convaincu par le savoir-faire développé par le groupe wallon qui s’est spécialisé dans les technologies de bio-production simplifiées et moins onéreuses.
Renforcement durable des capacités locales
Pour garantir la viabilité et l’ancrage local du projet, le savoir-faire et les valeurs d’Unizima sont primordiales. A la différence des sociétés privées traditionnelles issues du pharma qui évoluent en ‘circuit fermé’, Unizima fonctionne tout autrement : impliquer tous les acteurs de la chaîne, de la R&D à la production, former les futurs utilisateurs locaux et fonctionner en ‘open source’ au niveau de la transmission technique. « Sans une offre de services adaptée et sans « soft skills » on ne peut pas aire aboutir un projet local durablement, explique Hala Audi. Nous nouons également des partenariats avec les universités car il faut absolument des compétences locales formées qui assureront la pérennité des connaissances échangées et des projets développés. »
L’atout d’Unizima qui séduit les autorités et organismes publics, tels que l’Institut Pasteur de Dakar, c’est sa capacité à proposer une offre complète d’appui et de suivi à la création d’écosystèmes qui favorise l’autonomie et la résilience des systèmes de santé, de la R&D à la distribution. Disposant également de la force de frappe technologique de sa maison mère, Univercells, Unizima peut ainsi accompagner les porteurs de projets ‘End-to-End’ et leur garantir 100 % de l’appropriation de leur projet. « Nous avons impliqué ici, au Sénégal, des experts belges et avons formé des experts sénégalais dont certains l’ont été directement en Belgique. C’est un bel exemple de twinning d’experts win-win entre l’Europe et l’Afrique », conclut Hala Audi.
Unizima réalise pour le moment plusieurs études de faisabilité pour des projets similaires au Bénin et au Mozambique. La société développe également des partenariats en Amérique latine (Equateur) et en Asie (Thaïlande, Bangladesh, Vietnam...)
Ingénierie ‘Made in Belgium’
Spécialisée dans la conception d’infrastructures pharmaceutiques et particulièrement dans les environnements contrôles (laboratoires de sécurité biologiques, salles blanches, …) la société belge My Engineering travaille main dans la main avec l’Institut Pasteur sur le projet MADIBA pour concevoir les infrastructures de l'unité de production.
Les équipes de My Engineering ont été impliquées dans toutes les étapes clés du site de production, depuis la conception jusqu'à la validation, en passant par le suivi de la construction et la mise en service.
Grâce à leur expertise technique et leur savoir-faire, les équipes de My Engineering ont assuré la mise en place d'une unité de production performante et conforme aux exigences les plus rigoureuses de l'industrie pharmaceutique.
« Gestion de projet, biosécurité, automation, électricité, climatisation, zones aseptiques ou encore production et distribution de fluides propres, My Engineering couvre les principaux métiers du secteur et a accompagné le projet MADIBA de sa phase de conception jusqu'à la validation des installations techniques mises en place » nous détaille Jimmy Vandenbranden, Managing partner chez My Engineering.
Active dans plusieurs projets européens et au Sénégal, la société d’ingénierie tient à rappeler l’omniprésence et le savoir-faire des ingénieurs belges partout dans le monde. « Dans la plupart des projets internationaux emblématiques, on trouve un ou plusieurs ingénieurs belges à des postes-clé. Et Jimmy Vandenbranden de conclure : Avec Unizima, nous sommes fiers d’avoir pu apporter notre expertise à ce projet stratégique pour le Sénégal et son chemin vers l’autonomie biopharmaceutique. »