Elle est aussi discrète qu'élégante. Aussi raffinée qu'ultra occupée. Diplômée de l'école de la Chambre syndicale de la haute couture parisienne, la Belge Marie-Laurence Stevigny multiplie, depuis plus de 20 ans, les collaborations avec des marques d'accessoires: des petites maisons françaises aux multinationales américaines, elle s'est construit un cv sur lequel l'artisanat et l'humain occupent une place centrale.
Peut-être avez-vous déjà enfilé l'un des gants en agneau qu'elle dessine chaque saison pour la marque française Agnelle. Peut-être avez-vous, sans savoir qu'il portait sa signature, été séduits par les lignes pures d'un sac Pourchet. Ou alors, vous possédez un accessoire Tintamar, Samsonite, Nike ou Lacoste, quelques-unes des marques grand public avec lesquelles Marie-Laurence Stevigny a déjà collaboré. Pendant ses études, la Belge aujourd'hui installée à Saint-Gilles, s'immerge dans l'art de la création en 3D. Elle effectue des stages chez Balmain, puis au sein du département accessoires de Nina Ricci qui, dès 1990, décide de l'engager. Au fil des saisons, Marie-Laurence Stevigny se fait l'œil, affine son style et découvre l'art de la belle façon à la française.
Traductrice d'idées
Depuis 5 ans, elle dessine les collections de la ganterie française Agnelle. "Mon travail consiste à traduire des idées en dessins réalisables par les ateliers des marques avec lesquelles je collabore. Dans le cas d'un gant, la surface sur laquelle on peut s'exprimer est microscopique. Ma chance, avec Agnelle, c'est que techniquement, tout est possible ou presque. Le savoir-faire des ateliers de production me laisse une grande liberté d'action." Créer l'envie, c'est donc l'un des objectifs de Marie-Laurence Stevigny. L'autre, c'est de raconter des histoires. "Il faut à la fois respecter les valeurs de la marque, son vocabulaire, mais aussi créer une histoire qui soit compréhensible au travers d'une seule pièce de la collection. Dans le cas de Pourchet, par exemple, je pars de la toile à imprimés losanges, l'ADN de la marque, que je décline de différentes manières."
Beauté simple
Si, lorsqu'elle dessine un sac ou un gant, Marie-Laurence Stevigny ne se met aucune barrière créative, elle fait toutefois en sorte d'éviter toute trace d'ostentation: "je déteste quand une femme a l'air embarrassée par l'accessoire qu'elle porte. J'aime simplifier le propos au maximum tout en offrant un maximum de confort d'utilisation." Ce souci du détail, c'est probablement ce qui lui a permis de collaborer avec des marques aux univers aussi contrastés. En marge de ses collaborations avec Pourchet ou Agnelle - un label pour lequel elle dessine également une ligne de sacs siglés "Marie-Laurence Stevigny by Agnelle", qui lui a valu un prix l'an dernier, et quelques points de vente en Asie -, la Belge a collaboré avec des géants comme Lacoste ou Nike. "Je fonctionne à l'instinct sans vraiment chercher à compartimenter mon travail, mais j'ai remarqué que mes projets ne se phagocytent pas entre eux." Au cours de sa carrière, Marie-Laurence Stevigny a dessiné des sets de bagage pour les marques Bentley et Aston Martin, mais aussi des sacs Nike - en pièces uniques - portées par la joueuse de tennis Maria Sharapova lors de grands tournois internationaux.
Page blanche
Au moment de cette interview, Marie-Laurence Stevigny venait de démarrer une nouvelle collaboration avec une grande maison française, tout en jetant les bases de sa marque personnelle. "Je n'ai jamais eu le culte de l'égo. Travailler dans l'ombre ne me dérange pas. J'ai pourtant envie, à ce stade, de me lancer dans un projet qui me soit propre." Ce nouveau chapitre encore confidentiel ne l'empêche pas de poursuivre ses collaborations avec d'autres marques: "l'an dernier, j'ai pris le Thalys une centaine de fois et j'ai effectué 13 déplacements vers la Chine. Lorsque j'élabore une collection, je ne passe qu'environ 50% du temps seule dans l'intimité de mon studio. Les 50 autres, je suis en contact direct avec mon client." L'objectif ultime de Marie-Laurence Stevigny: concevoir des pièces de qualité qui puissent durer. "En tant que designer, je pense que cette dimension-là fait partie de nos priorités, des valeurs qui doivent guider notre processus créatif."
Marie Honnay
Retrouvez l'actualité des créateurs de Wallonie-Bruxelles sur le site de Wallonie-Bruxelles Design Mode.