Une équipe de chercheurs de l’Université catholique de Louvain (UCL), sous la direction du professeur Yves Dufrêne, vient de découvrir, en collaboration avec le Trinity College Dublin, une nouvelle molécule capable d’empêcher le développement des biofilms à staphylocoque. Cette découverte face à un véritable fléau hospitalier est synonyme d’espoir et de nouvelles perspectives. En Belgique, ces infections nosocomiales, qui peuvent s’avérer mortelles, touchent 6% des patients.
"Ces travaux constituent une étape importante dans la mise au point de nouvelles stratégies pour lutter contre ces infections, une problématique majeure en milieu hospitalier", souligne le communiqué de l’UCL.
En effet, on estime, aujourd’hui, que les biofilms formés par des bactéries pathogènes, comme le staphylocoque doré, sont responsables de plus de 65% des maladies contractées lors d’un séjour en milieu hospitalier, faisant pas moins de 3000 décès par an en Belgique. Ces dernières peuvent aussi provoquer des affections graves comme la pneumonie, des infections de la peau et du cœur.
Ces bactéries sont capables de s’attacher à la surface des dispositifs médicaux pour s’y multiplier et former des biofilms générant ainsi des infections extrêmement résistantes aux antibiotiques et particulièrement difficiles à traiter. "Une alternative aux antibiotiques est la thérapie antiadhésive, qui vise à lutter contre les infections à biofilms en utilisant de petites molécules qui masquent les protéines d’adhésion qui décorent la surface du pathogène, l’empêchant ainsi de former des biofilms", peut-on lire dans le communiqué.
Les recherches ont donc permis d’identifier une nouvelle molécule, « un petit peptide synthétique dérivé d’une molécule neuronale, la ß-neurexine, qui inactive une protéine d’adhésion majeure de la surface des staphylocoques, y compris des souches résistantes aux antibiotiques», explique l’Université.
Le Dr Sami Place, spécialiste des infections microbiennes à l’hôpital du Grand Hornu, a suivi avec intérêt les travaux des chercheurs de l’UCL, fier de voir une équipe de chercheurs wallons parvenir à de tels résultats. "De la haute voltige scientifique", s’exclame-t-il.
L’idée n’est pourtant pas nouvelle, explique l’UCL, puisque le jus de canneberge est utilisé depuis longtemps comme remède traditionnel "antibiofilm" afin de lutter contre les infections urinaires.
Le but des chercheurs est alors de mettre au point de nouvelles molécules performantes sur une base rationnelle, permettant d’optimiser la prévention ou le traitement des infections à biofilms.
Ce remède n’est cependant pas pour tout de suite. Il faudra attendre quelques années pour la mise au point de traitements efficaces mais cette découverte reste porteuse d’espoir.
Cette découverte publiée dans les "Proceedings of the National Academy of Sciences USA", doit beaucoup à la nanoscopie du vivant et a été financée par une bourse du Conseil européen de la recherche.