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Pierre Hebbelinck, gagnant wallon des Belgian Architecture Excellence Awards

Copyright: Dominique Houcmant
Pierre Hebbelinck Copyright: Dominique Houcmant

À l’occasion du salon Batibouw, les meilleurs architectes du pays ont été récompensés lors de la première édition des Belgian Architecture Excellence Awards (BAEXA). Ces awards ont pour but de distinguer des architectes ou des bureaux d’architecture pour leur travail novateur, leurs services à la profession d’architecte ou la promotion de l’excellence architecturale. L’atelier de Pierre Hebbelinck a été récompensé par le prix de la région wallonne.

C’est à l’occasion d’une soirée de gala que Pierre Hebbelinck a reçu le premier Belgian Architecture Excellence Awards de la région wallonne (BAEXA). Pierre Hebbelinck confie que « le BAEXA est une forme de promotion et de possibilité. L’architecture belge est devenue un phare européen, mais je n’ai pas été mis en avant juste parce que je suis architecte. Je promeus aussi l’architecture. » Depuis 40 ans, Pierre Hebbelinck pratique cette profession qui « a la capacité de transformation du monde. C’est un des rares métiers où la résolution d’équations complexes est si élevées. On crée de la valeur, on implante une conception qui n’existe pas en réalité et qui verra peut-être le jour dans un temps futur. »

S’il n’était au début pas destiné au métier d’architecte, il finit par se lancer dans ces études après avoir travaillé comme publiciste et boulanger. Il est alors « convaincu qu’avec l’architecture, il va faire de la création, de la médecine, du droit, bref beaucoup de choses ». Pendant 4 mois, il sera d’ailleurs exclu de son école pour avoir fondé une boutique d’architecture afin de proposer des services pro deo comme pour le droit. Il veut rendre l’architecture plus accessible.

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Une décennie d’architecture laboratoire avec des petits projets s’écoule, puis une autre remplie de projets publics comme des théâtres. Après, il s’embarque dans les bâtiments privés. En 2010, il conçoit des projets phare en France comme une école de danse à Lyon.

Il décrit son atelier comme un « lieu d’expérimentation ». 300 maquettes par an y sont réalisées. « L’architecture est une discipline stricte. Il y a un budget, un programme, un site. Il faut prendre en compte des tas d’éléments ». Il se dit « proche de l’entrepreunariat » car il doit réflexionner sur les matières utilisées, fondamentales à la démarche de conception d’un projet. Pierre Hebbelinck décide alors d’ouvrir la maison d’éditions Fourre-tout où il publie des livres en français et les traduit en anglais. C’est un gros projet européen et la majorité se vend auprès de non-francophones. Dans un mois, il sera au Brésil pour boucler un livre sur un architecte local.

Une maison construite en 7 heures

Un de ses plus grands exploits est une maison qui a été construite en 7 heures en 2004. L’idée était de proposer une articulation minimale. Pour mener à bout ce projet, le programme d’ingénieur a dû être craqué pour accepter de calculer certains paramètres. Toute une recherche a été faite autour de ce succès wallon. Pierre Hebbelinck a dû relever un autre défi : les Bains du Centre à Bruxelles. « Dans un projet comme ça, on sent qu’on travaille sur un apport sociétal collectif étendu. Un projet passionnant.»

Pierre Hebbelinck a travaillé sur le Mont Mémorial à Mons, le théâtre de Liège, un hôpital à Anvers, le pavillon du château de Gaasbeek, une école de musique à Roissy. Il est venu avec ses méthodes belges en France où il était considéré comme « l’homme miracle ». Il veut être au courant de toutes les méthodes utilisées, du nettoyage des sols à celui des carreaux pour mener à bien ses idées. En Irlande, il doit rénover une vieille école de 1835 pour en faire une habitation privée. Il essaye de mettre en place des compétences locales dans ses conceptions. Même si 80 % de ses projets sont belges avec 60 % en Wallonie, il en a fait d’autres à l’étranger comme à Montevideo en Argentine.

Pierre Hebbelinck dénonce cependant le manque de reconnaissance du métier d’architecte avec des rendements qui ne cessent de diminuer mais des normes et complexités qui augmentent. Malgré tout, s’il devait donner un conseil aux futurs architectes, ce serait de « garder ses convictions et ses valeurs tout en prenant des risques. Il faut innover, rechercher, rendre la pratique vivante. En se fixant des objectifs et des cibles ambitieuses, ils transformeront des sociétés. Le goût de créer s’entretient et doit continuer à se développer. »

Julie Hanssen

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