Au-delà de la vitrine internationale qu’offre le Kikk Festival aux entreprises technologiques, le festival des industries créatives et numériques permet aussi de mettre en valeur tout l’écosystème de la Wallonie en matière de création. Un écosystème riche et structuré autour de plusieurs hubs créatifs dont l’ADN commun est celui de l’intelligence collective. Brasser et mixer les publics, faire se rencontrer des personnes et des métiers qui ne se seraient sans doute pas croisés sans ces lieux de partage et d’entraide, c’est un des ingrédients principaux pour que la sauce prenne, que les idées émergent et puissent ensuite prendre vie.
Ces hubs créatifs sont véritablement le cœur de l’écosystème créatif en Wallonie. Il sont 9 répartis un peu partout sur le territoire régional : le Green Hub (Luxembourg), le Plug R (Liège), le Hub créatif de Seraing, le Hub créatif de Verviers, l’Open Hub (Louvain-la-Neuve), le Hub-C ( Charleroi métropole), le Click à Mons, le Wap’s Hub (Wallonie picarde) et le TRAKK à Namur.
Ces hubs offrent des espaces de co-working, du coaching, des séances de pitching mais aussi une expertise et des outils, tant au propre qu’au figuré, comme le MediaLab ou le ProtoLab à Namur. « Le ProtoLab met à disposition des start-ups des machines comme une imprimante 3D ou une fraiseuse électronique pour permettre à ceux qui se lancent de prototyper leur concept », explique Nicolas Wenin, responsable du Trakk (by Kikk).
Le MédiaLab quant à lui est un laboratoire de média dans lequel se retrouvent artistes, communicant.e.s, marketeur.euse.s et entrepreneur.euse.s. Comme le ProtoLab, il s’agit d’un lieu de collaboration, d’apprentissage et de développement par exemple en matière de son ou de réalité augmentée dans lequel tous ceux et toutes celles qui le désirent pourront venir mettre en forme leurs idées.
Le but de ces hubs ? Au-delà de la mise à disposition d’outils, c’est surtout offrir un espace aux entrepreneurs pour rencontrer des citoyens, des chercheurs, des étudiants, des représentants publics et faire ainsi émerger de nouvelles idées et de nouveaux possibles.
C’est cette intelligence collective qui semble essentielle à l’innovation. C’est ce qui ressort en tout cas des recherches menées par Véronique Dethier, Chercheuse à l’UNamur et gestionnaire de projets au TRAKK, que nous avons rencontrée au Kikk Festival à Namur. Dans le cadre de sa thèse, elle étudie les processus créatifs et les espaces créatifs au sein d’un hub créatif comme le TRAKK namurois.
« Pour créer, nous avons besoin de divergences et de convergences, d’une chose mais aussi de son contraire », explique-t-elle. « Ces polarités sont nécessaires au processus créatif et j’en ai relevé 4 qui sont vécues dans le TRAKK».
1. La permanence versus la variation
Tout l’intérêt de structures comme le Trakk c’est d’offrir ce lieu à la fois permanent porteur de l’air du temps où on peut se poser pour créer tout en rencontrant dans ce même espace, des gens de tous les milieux qui passent et apportent un air frais et de la nouveauté nécessaire à l’inspiration.
2. La profondeur versus la légèreté
Dans un hub créatif, on bénéficie à la fois d’une réelle expertise avec la présence de profils très techniques tout en laissant la place au côté humain et convivial. « On échange, on apprend et donc on travaille autant devant la machine à café qu’assis derrière son ordinateur », explique Véronique. « C’est d’ailleurs une des grandes leçons apprises du confinement, le virtuel a ses limites, le présentiel est réellement nécessaire à la création ». Les hubs en organisant des apéros ou des barbecues renforcent les liens entre les gens, ce qui crée une vraie entraide. Sans compter qu’il est plus agréable de venir travailler quand l’ambiance est au beau fixe et que le cadre est agréable.
3. La densification versus la dilatation
On remarque au Trakk que d’une part, les gens se resserrent au sein d’espaces de croisements comme peuvent l’être la cuisine, la machine à café ou le ProtoLab – ce sont des lieux qui grouillent, où on échange, où ça fuse - et d’autre part, les gens expriment leur besoin de volume qu’ils retrouvent aussi dans ce type de lieu. Des grands volumes, des grands espaces permettent de voir plus grand, pour aller plus loin et entreprendre de plus gros projets.
4. La lumière versus l’ombre
Le processus de création est à la fois un travail d’ombre où l’on procède par essais et erreurs, en recommençant et en recommençant encore mais il a aussi besoin de lumière. « Les hubs organisent des séances de pitching par exemple, qui permettent une vraie mise en lumière des starts-up qui peuvent montrer leurs concepts et leurs produits, tout comme ici au Kikk Festival qui est une super vitrine pour ça ».
C’est en offrant en un seul lieu tous ces ingrédients et leurs contraires que ces hubs créatifs apportent une vraie plus-value à ceux qui rêvent d’entreprendre. « C’est cette effervescence et cet écosystème innovant qui a permis à des starts-up comme Spade par exemple d’approfondir leur offre de services». Cette agence de communication a développé une méthode minotaure qui permet notamment à leurs clients de visualiser matériellement leur site web en construction.
Ou encore Kingsize, ce studio de création spécialisé dans le branding qui a pu bénéficier des coups de projecteurs du Kikk et du Trakk et qui collabore à présent avec des grands noms comme Mosaert (la marque de Stromae). La preuve que la recette fonctionne et qu’il y a tout ce qu’il faut en Wallonie pour oser entreprendre et transformer nos idées les plus folles en projets les plus beaux !